Acquisition dentelle au musée des Beaux-arts et de la Dentelle

Les Lefébure, grande dynastie de fabricants de dentelles à Bayeux (1829-1932), réalisèrent dans le dernier quart du XIX^e siècle une synthèse originale des innovations et des perfectionnements techniques et esthétiques de la dentelle à l’aiguille ornaise. Dans leur atelier de recherche des points anciens dirigé par les demoiselles Bénard, ils firent fabriquer du point d’Alençon (champ de réseau), du point de France (champ de bride à picots) et du point d’Argentan (champ de bride). Sans copier les modèles des siècles précédents, ils firent évoluer les dessins vers une esthétique contemporaine et associèrent avec raffinement les différentes formes dans des compositions audacieuses. En 1874, répondant à l’appel de la Ville d’Argentan, Lefébure chargea sa meilleure maîtresse dentellière au point d’Alençon d’effectuer des recherches sur des ouvrages inachevés du XVIII^e siècle découverts dans les greniers de l’hospice Saint-Louis d’Argentan. Désirée Hamel retrouva ainsi la technique de fabrication de la bride et permit à Lefébure de ressusciter l’industrie dentellière argentanaise.

La pièce acquise s’inscrit dans ces recherches techniques et dans ce contexte de relance de l’industrie dentellière à Argentan. Elle présente le profil de champ associé traditionnellement au point d’Argentan, à savoir la bride festonnée. Elle est réalisée en coton avec du crin de cheval pour soutenir les picots. Avec les poissons et la branche de papyrus qui se déploie pour souligner la bordure du napperon, le décor est d’inspiration égyptisante, ce qui est assez rare pour ce type de dentelle. Elle possède encore son étiquette d’origine sur papier embossé : ALF (pour Auguste Lefébure et Fils), 1579, 1 rond Argentan, XX^e siècle, Ecole dentellière d’Argentan.

Le musée conserve depuis 2008 un album de dessins pour dentelle de la Maison Lefébure dans lequel figure cette création originale et bien documentée.

Cette pièce sera à découvrir dans l’exposition La Description de l’Égypte. Une œuvre pharaonique à partir des vacances de printemps.